Mot conclusif du nouvel abbé de Nový Dvůr à la fin de la bénédiction abbatiale, le 12 décembre 2011

Domine fortutido mea
« Seigneur ma force, Pane má sílo »

Il y a bien longtemps que ce verset du psaume que nous lirons demain à l’office de nuit s’est imposé à moi comme une possible devise.

Seigneur, ma force.

Je crois, j’ai fait l’expérience que c’est Dieu lui-même qui agit à travers nous quand nous osons, avec humilité et sincèrement, tenir notre place d’abbé ou de disciple, de disciple et d’abbé à l’école du Service du Seigneur. Abbé, je n’ai pas l’intention de cesser d’être disciple. Qui me connaît sait quelle force je puise depuis trente ans dans deux amitiés exceptionnelles sans lesquelles je ne serais rien, celles du Père Maître et du R.P. Abbé de Sept-Fons, auxquels les frères de Nový Dvůr doivent également beaucoup. Abbé, je m’efforcerai d’être père et ami, mes frères, de chacun d’entre vous. N’oubliez jamais ce qu’écrit notre Père saint Bernard : Qui s’érige en maître de soi-même, se fait le disciple d’un sot.

Seigneur, ma force. Ce passage de l’Écriture résume ce en quoi consiste la vie chrétienne et, plus radicalement dans la même ligne, la vie monastique.

Il s’agit d’abord d’un appel : Seigneur !

L’acte le plus noble qui puisse jaillir d’un cœur d’homme, c’est celui de la prière. La prière du chrétien et, plus radicalement dans la même ligne, celle du moine, l’arrache à une existence sans perspective et sans but et donne un sens, un large horizon, un poids irrésistible à son existence dans la mesure où il se lie d’amitié avec le Seigneur. Que le nom de Jésus et celui de sa Mère, mes frères, soit toujours sur nos lèvres.

Seigneur, ma force. Cela siginife que la capacité d’assumer notre destinée et notre vocation se demande et se reçoit des mains de Dieu. Le monastère n’est pas une île isolée du monde et protégée de ses tempêtes. La joie et les soucis, le bonheur et l’épreuve y sont présents, comme dans toute vie, chrétienne ou non. La faiblesse et la tentation habitent en nous, inévitables, comme le revers de nos qualités. Reconnues, elles nous obligent à compter sur Dieu qui ne permet pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces et nous donne la victoire par sa grâce.

Qu’une poignée d’hommes sincères, pas meilleurs que d’autres, s’efforce de laisser à Dieu la première place dans leur existence, nous croyons qu’ils soulèvent l’Église et l’humanité tout entière. Invisiblement et surnaturellement, la vie d’un chrétien, et plus radicalement dans la même ligne, celle d’un moine, a pour fin, outre sa sanctification personnelle, le salut, c’est-à-dire le bonheur de ses contemporains.

Cher Monseigneur, chers Père Abbé, pères et frères de Sept-Fons, chers abbés, prêtres et religieux, amis de notre monastère, généreux bienfaiteurs, chers parents, les miens que leur âge a empêché de nous rejoindre et ceux des frères, merci. Je n’oublie personne, ni Monseigneur Posad, ami de la première heure, ni Son Excellence M. L’Ambassadeur de France, ni notre maire, ni les personnalités civiles qui se sont jointes à nous, ni nos frères prémontrés de Teplá, soutien des commence-ments, ni les frères et sœurs d’autres communautés chrétiennes… même s’il m’est impossible de vous nommer tous. Merci, merci ! Priez pour nous et n’oubliez pas, en retournant chez vous, que notre prière vous accompagne.

Que les trois jeunes trappistes dont les reliques sont ici vénérées, St Rafael, la Bse Maria-Gabriella et le Bx Marie-Joseph intercèdent pour nous et nous rappellent que chacun d’entre nous est appelé à la sainteté. Rendons grâce à Dieu pour l’œuvre qu’il a réalisée ici et que la Bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame de Nový Dvůr, protège notre avenir et nous soutienne.


12. 12. 2011